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                                                                Tou Bichevat

 

Cette année, Tou BiChevat 5779 est célébrée le Lundi 21 février 2019

 

Tou Bichevat est le Nouvel An des arbres. Il est fêté le 15 du mois de Chevat (d’où son nom), lorsque l’amandier fleurit et que la sève commence à remonter dans les arbres. Cette fête s’appelle aussi « Roch HaChana laIlanot ».

 

Tou Bichevat est formé sur les lettres ×˜ (9) + ×• (6) =טו (15). Les dizaines sont habituellement formées avec la lettre ×™ (10), mais on ne peut faire ×™+×” (5) car cela formerait le nom de D.ieu.

 

Le calendrier Juif compte 4 jours de nouvel an :

- Nouvel an du 1er Nissan/Mois de PessaH (début de l’année biblique) : ce nouvel an du printemps sert pour le compte du règne des rois.

- Nouvel an du 1er Eloul : ce nouvel an de l’été sert pour le prélèvement de la dîme du bétail.

- Nouvel an du 1er Tishri /Roch HaChana (début de l’année liturgique) : ce nouvel an de l’automne est celui où le monde passe en jugement. Il débute les années de Chemita et de Jubilé. Il sert aussi pour le prélèvement de la dîme des récoltes et des légumes.

- Nouvel an du 15 Chevat : C’est le nouvel an du printemps, quand la sève des arbres recommence à monter. Il sert pour la 2ème dîme (1ère, 2ème, 4ème et 5ème année) et la dîme des pauvres (3ème et 6ème année) ainsi que pour la loi de Orla (celle de la consécration à Dieu des fruits durant les trois premières années de la croissance d’un arbre).

 

Tou BiChevat est une fête dont la préparation est simple : pas de sermons, rien à construire à construire, pas de cuisine sans dessus dessous. Tou BiChevat nécessite juste un voyage au supermarché et au magasin de vin, et c’est tout.

Une des clés de la célébration de Tou BiChe'vat est d'être conscient que la vie juive était souvent organisée autour d'une question centrale de l'époque. La réponse à cette question a mené à la célébration contemporaine de cette fête exactement au milieu de l'hiver, la première de trois fêtes de pleine lune consécutives.

Alors que Tou Bichevat n'est pas mentionné dans la Bible, la Torah nous dit : Devarim 14:22 : » Tu prélèveras la dîme du produit de ta semence, de ce qui vient annuellement sur ton champ, 23 et tu la consommeras en présence de l'Éternel, ton Dieu, dans la localité qu'il aura choisie comme résidence de son nom »

La question de l'époque est : « Quelle est mon obligation ?» La réponse : « payer la dîme."

 

 La Michna, compilée à la suite de la destruction du Temple, est la première source qui mentionne le 15 du mois de Chevat comme la nouvelle année des arbres. Le Talmud explique Roch HaChana 15 b: «Si le fruit d'un arbre fleurit avant le quinze  Chevat, il est donné pour l'année en cours; Si il fleurit après le quinze Chevat, il est versé pour l'année entrante. ».

Ainsi, Tou BiChevat était le début de l'année fiscale pour la dîme sur les arbres fruitiers. Avec la fin de la dîme à la destruction du Temple, la question de l'époque rabbinique était « Comment me souviendrai-je du Temple de Jérusalem ?»

 

Tou BiChevat a développé les caractéristiques d'une fête : le jeûne public a été interdit, des poèmes liturgiques ont été ajoutés à la liturgie, et la consommation de fruits est devenue habituelle. Souvent, l’objectif était de consommer 15 sortes de fruits, puisque les lettres hébraïques de "Tou" représentent 9 et 6.

Les kabbalistes des 16e et 7e siècles ont remarqué que la Michna parle de la nouvelle année de l'arbre au singulier. Ils ont vu cela comme l'arbre de vie dans le jardin d'Eden, et ont demandé « Comment me rapprocher de celui qui a créé l’arbre ?»

Leur mysticisme a posé la création comme se produisant par une série d’étapes, de l'éthéré au concret, qu'ils voyaient représentés symboliquement par différentes variétés de fruits. Ils ont tenu un repas rituel, c'est-à-dire un seder, de Tou BiChevat, mangeant 10 de chaque type de ces fruits.

 

Avec la montée du sionisme moderne, les Juifs se sont demandés "Comment puis-je me connecter avec la Terre d'Israël?"

Au cours du XXe siècle, les Juifs ont utilisé Tou BiChevat pour se concentrer sur la Terre d'Israël et son besoin de reboisement. Des campagnes pour planter des arbres en Israël ont été mené pour inciter à la célébration de la fête.

 

Une grande conscience écologique est apparue à la fin des années 1960, qui a mené à la création en 1970 du Jour de la Terre, maintenant observé dans près de 200 pays. Les Juifs, se sont demandés "Comment puis-je aider à préserver la terre ?"

Tou BiCh'vat, qui avait longtemps été notre journée pour penser aux arbres, à leur rôle sur notre planète, et aux dons qu’ils nous font, a pris un nouveau rôle - Un jour pour les Juifs à se concentrer sur l'environnement. La diversité des activités pendant Tou BiChevat s’est accrue et, a donc combiné le seder Tu BiSh'vat, la consommation de fruits, la plantation d'arbres, l'éducation écologique et la sensibilisation à la planète.

 

Les lois agricoles en Israël

La date de Tou Bichevat possède une importance majeure dans le calcul des lois agricoles applicables en terre d’Israël.

Parce qu’il marque le « Nouvel An des arbres », Tou Bichevat constitue la date butoir dans le calendrier hébraïque pour déterminer l’âge des arbres fruitiers.

En d’autres termes, on considère que chaque arbre a son « anniversaire » à Tou Bichevat. Cela signifie que si vous avez planté un arbre quelques semaines avant Tou Bichevat, il entame sa deuxième année à Tou Bichevat ; tandis qu’un arbre planté à ce moment-là n’atteint sa deuxième année que le Tou Bichevat suivant.

 

Considérez Tou Bichevat comme « l’année fiscale » de l’agriculture.

En voici les implications pratiques : au cours des trois premières années de l’existence de l’arbre, ses fruits sont interdits à la consommation en raison de l’interdit biblique d’Orla Lévitique 19 :23 : » Quand vous serez entrés dans la Terre promise et y aurez planté quelque arbre fruitier, vous en considérerez le fruit comme une excroissance: trois années durant, ce sera pour vous autant d'excroissances, il n'en sera point mangé. 24 Dans sa quatrième année, tous ses fruits seront consacrés à des réjouissances, en l'honneur de l'Éternel: 25 et la cinquième année, vous pourrez jouir de ses fruits, de manière à en augmenter pour vous le produit: je suis l'Éternel votre Dieu. »

 

De plus, Tou Bichevat est le Nouvel An pour déterminer les dîmes : durant les première, deuxième, quatrième et cinquième années du cycle de sept ans de la Chemita, 10 pour cent de la récolte poussant en Israël est destiné au Maasser Chéni, qui doit être racheté avec une pièce. Les troisièmes et sixièmes années du cycle, ces 10 pour cent forment le Maasser Ani (dîme des pauvres).

 

Les bénédictions sur les fruits

La bénédiction appropriée avant de manger un fruit :

« Baroukh Ata Adon-naï, Elohénou Melekh Haolam, boré péri Haets. »

« Béni sois-Tu, Roi de l’Univers, qui crées le fruit de l’arbre. »

[On récite une bénédiction différente sur quelques rares fruits, comme l’ananas, - le dernier mot devenant « Haadama. »]

À Tou Bichevat, on a également l’habitude de consommer un fruit en sa primeur ; un fruit de saison que vous n’avez pas encore goûté à cette saison, et on récite la bénédiction suivante :

« Baroukh Ata Ado-naï, Elohénou Melekh Haolam, chéhé’hiyanou, vékiyemanou, véhiguiyanou lazeman hazé. »

« Béni sois-Tu, Dieu notre Seigneur, Roi de l’univers, qui nous as maintenus en vie, nous as soutenus et nous as permis d’atteindre ce temps. »

Lorsqu’on consomme deux aliments ayant la même Berakha, par exemple une date et une pomme qui nécessitent toutes deux la récitation de la bénédiction de Haets, il suffit d’une seule Berakha pour s’acquitter de ces deux aliments.  

Si vous compter manger plus qu’une espèce de fruit, le principe est le suivant : dites une bénédiction sur l’aliment le plus important des deux. Le Code de la Loi Juive (ChoulHan ArouH 211) expose un ordre spécifique dans lequel il faut réciter la bénédiction (et par conséquent, indique quel aliment manger en premier).

L’élément déterminant pour définir l’ordre de priorité est celui de la hiérarchie des « sept espèces ».

 Ainsi, lorsque vous vous trouvez devant deux aliments ayant la même Berakha, par exemple des dattes et des pommes, vous réciterez Haets sur les dattes puisqu’il s’agit de l’une des sept espèces.

[Le statut spécifique des « sept espèces » s’applique même à des produits non israéliens. Bien que toutes choses égales par ailleurs, on accorde la préséance aux produits poussant en Israël par rapport à ceux de Diaspora.]

En outre, ce verset nous enseigne l’ordre d’importance au sein même des sept espèces. La règle est qu’un fruit ou une céréale mentionné le plus près du terme « terre » (qui apparaît à deux reprises dans le verset) est considéré comme plus important. S’agissant des sept espèces, l’ordre d’importance est le suivant :

Blé/ orge/olives/ dates/ raisins/ figues/ grenades

 

Le judaïsme et l’arbre

L’importance que le judaïsme donne aux arbres apparaît dès le début de la Genèse puisqu’une des premières instructions de Dieu à Adam est liée aux arbres du Jardin d’Eden. Et tout au long de l’histoire biblique, les arbres jouent un rôle majeur, ne serait-ce que pour la construction de l’arche de Noé (certains commentateurs soulignent d’ailleurs que, une fois reçu le commandement de construire l’arche, Noé a planté les arbres qui le permettraient !) ou pour celle de l’arche d’Alliance.

 

Les Proverbes (3 : 18) considèrent que la Tora est « un arbre de vie pour ceux qui s’en rendent maîtres ». Le Psaume pour le jour du Chabbat (92), que nous lisons tous les vendredis soirs, comparent le Juste au palmier (« le Juste fleurit comme le palmier ») et au cèdre (« comme le cèdre du Liban il est élancé ») et la comparaison continue dans le Psaume...

 

La Tora elle-même souligne le respect dû aux arbres car ce sont eux qui nous nourrissent Devarim 20:19-20 « quand tu assiègeras une ville de nombreux jours pour guerroyer contre elle, pour la saisir, ne détruis pas son arbre pour brandir contre lui une hache. Oui, tu mangeras de lui, tu ne le trancheras pas. Oui l’arbre des champs est-il un humain pour venir en face de toi au siège ? Seul l’arbre dont tu sauras qu’il n’est pas un arbre nourricier, tu le détruiras ; tranche-le et bâtis le siège contre la ville qui te fait la guerre ».

 

Le traité Ta’anit du Talmud comporte l’histoire suivante : un rabbin passa un jour près d’un champ où il vit un très vieil homme qui plantait un chêne ‘‘ pourquoi plantes-tu cet arbre ? lui demanda-t-il tu ne t’attends sûrement pas à vivre assez longtemps pour le voir grandir et donner des glands ?’’ ‘’Ah, répondit le vieil homme, mes ancêtres ont planté des arbres non pour eux mais pour nous afin que nous bénéficiions de leur ombre et de leurs fruits. J’en fais autant pour ceux qui viendront après moi’’

 

 

L’arbre ne vit pas seul : il fait partie de l’environnement, de la nature. Il y tient plusieurs rôles : par exemple et pour rester simple, il absorbe le gaz carbonique, il produit de l’oxygène par ses feuilles, du bois, des fruits, de l’ombre rafraîchissante en été De la même façon, l’homme ne peut vivre seul , replié sur lui-même : il ne peut s’épanouir que dans l’échange , la communication et le partage. Pour prendre soin de nous-mêmes, il nous faut donc aussi prendre soin de notre environnement, et de la nature qui nous entoure, comme le dit la Tora dans Devarim 20 :19 : « puisque l’homme est comme l’arbre du champ ».

 

En effet, dans la tradition juive, l’Arbre sert souvent de métaphore pour évoquer l’Etre Humain :

« Comme l’arbre vient de la Terre, se dresse vers le ciel et donne des fruits, ainsi en est-il de l’homme dont l’origine est la terre qui aspire à s’élever vers l’Eternel et dont les premiers fruits sont les bonnes actions… » Maharal de Prague sur les Pirkey Avot.

 

L’arbre sert aussi de métaphore pour évoquer les liens entre le passé, le présent, et le futur ; il suffit d’évoquer les 3 parties qui le composent : les racines, le tronc, et les fruits, feuilles et fleurs. Les racines, ce sont les parents, grands-parents etc., c’est l’histoire familiale, les traditions, les bases de l’éducation, les valeurs transmises. Si l’on coupe ses racines, on meurt. Le tronc, lui, doit être fort pour soutenir les fruits, résister aux tempêtes ; c’est l’adolescence ; ce sont les principes éducatifs qui vont aider le jeune adulte à se construire. Il s’agit de le mettre sur les bons rails afin qu’il ne se perde pas en route.

Les fruits, fleurs et feuilles, ce sont les produits de l’arbre : ils représentent le futur ; c’est la façon dont cet homme va mener sa vie en accord avec les principes éducatifs qu’on lui a transmis, de génération en génération.

 

Enfin, on notera que les juifs n’ont pas attendu l’introduction du concept de « développement durable » pour se préoccuper de l’importance de la nature et de ses arbres. Il est donc normal dans la lignée de cette tradition de les fêter un jour par an même si, sous nos climats, la date peut paraître un peu tôt dans l’année pour les planter !

 

Cette année, Tou BiChevat tombe à Chabbat et je vous invite à préparer un séder. C’est simple et il permet d’aborder tous les points évoqués ci-dessus.

Nous commençons par les sept espèces de la terre d'Israël Devarim 8: 8 « un pays qui produit le froment et l'orge, le raisin, la figue et la grenade, l'olive huileuse et le miel » en mangeant du pain ou des gâteaux au blé, suivie par l’'orge (de la bière en ce qui nous concerne). La liste se poursuit avec des raisins, des figues, des grenades, des olives et des dattes. Pour les raisins, nous avons la deuxième des quatre coupes de vin ou de jus de raisin; Nous essayons de varier la couleur et la provenance. Avant de manger chaque aliment, nous lisons ou chantons un passage qui mentionne l'article.

Ensuite, nous pouvons par exemple, procéder aux Quatre Niveaux de Création des kabbalistes, travaillant à partir de ce niveau terrestre d'Action (symbolisé par les fruits avec des coquilles extérieures non comestibles) à la Formation (noyaux non comestibles) à la Création (fruits consommés dans leur intégralité). Les kabbalistes ont estimé qu'aucun fruit ne pouvait représenter le niveau le plus élevé d'émanation, mais nous pouvons faire tourner d'une boîte d'épices pour profiter de l'arôme des parties d'arbre parfumé (cannelle et clous de girofle).  Avant de manger quelque chose, nous disons la bénédiction appropriée.

 

Les passages que nous lisons et chantons nous rappellent la Terre, les fruits, les arbres, leur Créateur, et la valeur de notre monde. Nous concluons avec le Kaddish sur l'étude. Pour ceux qui ne seront pas avec nous ou qui ne seront pas en communauté, je vous invite à faire de même chez vous : manger végétarien pendant cette journée puis, faire un seder, manger des fruits, de toutes sortes et sous toutes ses formes et à réfléchir à l’avenir de notre planète….

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